Canon EOS R6, un hybride exceptionnel pour la photo animalière

Le matériel photo c’est cher, parfois fragile et toujours trop lourd. Malheureusement indissociable de notre pratique, il n’en reste pas moins secondaire. Les techniques d’affût, d’approche, une éthique irréprochable et les connaissances du milieu et de la faune restent les prérequis indispensables à la photographie animalière. Mais le matériel est là pour nous faciliter le travail et nous permettre de témoigner, en image, de la beauté que nous offre la nature. Avoir un bon matériel nous aide à faire de bonnes photos, mais l’inverse n’est pas forcément vrai. Un bon photographe saura faire de bonnes photos avec – presque – n’importe quel matériel.

Depuis plusieurs décennies, le boîtier reflex est ce qu’il se fait de mieux, quelque soit la discipline que l’on exerce. D’abord argentique, puis numérique, le reflex est passé par différentes évolutions, parfois majeures dans notre pratique. Mais depuis quelques années, un nouveau genre de boîtier fait son apparition : l’hybride. Mais c’est quoi l’hybride au juste ? Pour faire simple, il s’agit d’un reflex qui a perdu son miroir et son prisme. Il a tout d’un boîtier reflex, mais au lieu de posséder un viseur optique dont la lumière est dirigée dans le viseur par un système de miroir et de prisme, l’hybride possède un petit écran. Cela comporte plusieurs avantages que nous allons détailler avec l’exemple du Canon R6.

Canon R6 Photo Animalière

Photo Arnaud Saguer

L’hybride révolutionne clairement la pratique de la photographie animalière. Outre les deux ou trois inconvénients que sont la perte du confort de visée d’un reflex, l’autonomie moins importante et éventuellement la moindre résistance aux climats extrêmes, cette évolution apporte énormément d’avantages.

Canon EOS R6 : une discrétion parfaite

Le premier avantage pour moi et pas des moindres : l’absence totale de bruit lors du déclenchement. Longtemps considéré comme un point noir de taille pour photographier certaines espèces sensibles au bruit, il fallait s’équiper de housses anti-bruit et déclencher avec une extrême prudence. Aujourd’hui, nul besoin de housse, le déclenchement est parfaitement silencieuse grâce à l’absence de miroir et la possibilité de faire des images en utilisant l’obturateur électronique. Cet avantage est une révolution pour l’affût d’espèces sensibles. Pour peu que le reste de sa pratique soit quasiment exempte de dérangements, cette possibilité constitue la cerise sur le gâteau !

Pour les espèces sensibles comme le Tétras lyre, le déclenchement parfaitement silencieux est un énorme avantage. - Photo Arnaud Saguer

Canon EOS R6 : un viseur électronique précis

Le viseur électronique peut en rebuter certains, moi le premier. J’ai eu beaucoup de mal à m’habituer ce type de viseur au départ, puisqu’il met un écran entre le monde et soi. Les images sont cependant claires et bien définies, et le taux de rafraîchissement est très largement suffisant pour capturer n’importe quel moment en temps réel. Mais une fois que l’on s’est habitué au viseur électronique, on remarque certains atouts majeurs : l’exposition est faite en temps réel, on voit donc directement l’image telle qu’elle sera prise ! Il permet l’affichage de beaucoup d’options, comme l’histogramme qui peut s’avérer particulièrement utile. On peut également visionner ses images ou accéder au menu par le viseur. Cela peut s’avérer utile si l’on souhaite vérifier sa photo et que l’on ne peut pas se permettre d’émettre de lumière. Le petit plus : l’absence de miroir et de prise allège le boîtier d’au moins 200 grammes !

Canon EOS R6 : un autofocus inégalable et quasi infaillible

Les avancées en terme d’intelligence artificielle et de machine learning (apprentissage automatique) a permis aux fabricants de créer des systèmes de focus extrêmement précis, rapides et intelligents. L’autofocus du Canon R6 est son point fort. Il bénéficie d’un processeur dernière génération qui lui permet de faire le point en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. Ma sa principale évolution est la détection des animaux et de leurs yeux ! Visez un oiseau, l’autofocus est automatiquement dirigé sur sa tête ou son œil. Visez un cerf, un blaireau, un chat, un lynx… Le R6 va immédiatement repérer l’œil de l’animal et vous n’aurez plus qu’à déclencher pour obtenir une photo parfaitement nette ! Le suivi des oiseaux en vol est parfaitement effectué, même si un obstacle se trouve entre le sujet et soi. Il est possible de verrouiller un sujet que le boîtier continuera à suivre sans même avoir à passer en mode AI SERVO. Le confort d’utilisation est exceptionnel. Après un paramétrage personnalisé des boutons et après que vous ayez trouvé la manière dont vous souhaitez que le boîtier fonctionne, vous serez stupéfait par ses capacités et sa rapidité. Il n’est pas infaillible, parfois vous devrez utiliser un collimateur classique ou faire le point à la main (aidée électroniquement !). Mais l’évolution apportée par cet autofocus est rocambolesque !

Une Bécassine des marais, très vivace, dans les marais catalans. Le collimateur s’est directement positionné sur sa tête et parfois même son œil. Le suivi était immédiat et quasiment infaillible. Photo prise au 300 mm f/2.8 + multiplicateur x2 (600 mm f/5.6). - Photo Arnaud Saguer

Crop 100 % de l’image précédente. C’est net ! Malgré le multiplicateur x2 et les mouvements rapides de l’oiseau. - Photo Arnaud Saguer

Le Martin pêcheur est très rapide. Mais pas assez pour mettre en berne l’AF du Canon R6. - Photo Arnaud Saguer

Canon EOS R6 : un stabilisateur intégré et une montée ISO stupéfiante

La photographie animalière nécessite souvent un matériel performant en basse lumière. Beaucoup d’espèces sont crépusculaires et les plus belles ambiances de la journée se retrouvent tôt le matin et tard le soir. Le capteur du Canon R6 est stabilisé sur 5 axes. Si il est associé à un objectif également stabilisé, le gain de lumière peut atteindre l’équivalent de 6 à 8 IL ! Si l’on ajoute à cela une montée ISO propre jusqu’à 10 000 voire 12 800 ISO, et utilisable sans trop de bruit jusqu’à 25 600 ISO, on obtient un combo spectaculaire.

Image cropée à 100 % à 3200 ISO, prise avec un 300 mm f2.8 + multiplicateur x1.4 (420 mm f/4), sans traitement du bruit. - Photo Arnaud Saguer

Quelques détails à savoir

Tous les objectifs Canon EF sont compatibles avec la gamme R (R, RP, R6, R5 et R3) grâce à la bague d’adaptation EF-RF. Son utilisation est parfaitement transparente et aucune dégradation ni de l’image ni de la vitesse du focus n’est constatée. Elle sert majoritairement à mettre à la bonne distance le capteur et la lentille arrière de l’objectif. D’ailleurs, un avantage supplémentaire de l’utilisation de l’hybride, est qu’il fait la mise au point directement sur le capteur. Donc plus de problème de front ou de back focus avec ses objectifs préférés !

L’autonomie n’est pas aussi dramatique que ce que l’on peut entendre dire sur les hybrides. Si le boîtier est correctement paramétré au niveau de la mise en veille, une batterie peut aisément permettre de faire entre 400 et 600 photos. Soit environ un tiers de moins qu’un 5D Mark IV par exemple.

Canards colverts dans la brume matinale par un matin glacial (-12°C). Résistance au froid excellente et AF précis malgré la brume. - Photo Arnaud Saguer

Pour conclure

Je n’aime pas parler de matériel et je n’aimerai jamais ça. Mais il faut avouer qu’avoir un matériel adapté à sa pratique apporte un confort incomparable. L’hybride, malgré sa technologie assez loin d’une pratique authentique, me rapproche un peu plus de la nature. Le silence est un bien précieux. La rapidité de mise au point et la facilité d’utilisation quand on a bien saisi les rouages du boîtier, permettent d’être si rapide et si efficace que le matériel se fait oublier. Il devient extension de son œil, simple outil pour retranscrire son intention photographique et transmettre ses émotions. L’ergonomie est excellente, la visée intuitive. La personnalisation poussée permet d’adapter l’outil à sa pratique, et non l’inverse. Le top du top !

Arnaud
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